Mammifères prédateurs
Notre positionnement sur le loup gris en limousin
Loup gris
Ce positionnement, non figé, est le résultat concerté de plusieurs années de travail.
Version 1 publiée le 25 février 2020
« IL FAUT SAUVER LES CONDORS, NON PAS SEULEMENT PARCE QUE NOUS AVONS BESOIN DES CONDORS, MAIS PARCE QUE NOUS AVONS BESOIN DE DEVELOPPER LES QUALITES HUMAINES NECESSAIRES POUR LES SAUVER ; CAR CE SONT CES QUALITES-LA DONT NOUS AURONS BESOIN POUR NOUS SAUVER NOUS-MÊMES »
Ian MacMillan, Ornithologue, 1870
Depuis plus de vingt-cinq ans, de par son objet statutaire, le Groupe Mammalogique et Herpétologique du Limousin (GMHL) agit pour la protection et l’amélioration des connaissances des Mammifères, des Reptiles et des Amphibiens sur le territoire Limousin.
Depuis 2006, le GMHL a mis en place la mission MFS : Médiation Faune Sauvage qui consiste à accompagner les collectivités, les particuliers et les professionnels qui ont des difficultés de cohabitation avec la faune sauvage.
Depuis 2013, il anticipe le retour du Loup gris, Canis lupus et organise des cycles de conférences avec des experts dans les trois départements du territoire Limousin. Cela a permis de mettre ce sujet au cœur du débat et d’interpeller les pouvoirs publics sur les fortes attentes du monde rural quant à la question de son retour et de la cohabitation.
Depuis 2019, il défend un projet associatif garant d’une intégration des enjeux écologiques et sociaux dans les politiques publiques.
Œuvrant tous les jours sur le territoire et aux contacts des acteurs locaux, le GMHL est conscient de la complexité des enjeux liés à la conciliation des activités humaines avec la faune sauvage.
à ce titre, considérant :
> le retour et l’installation possible, sinon probable, à court terme de l’espèce Canis lupus, dues à la présence d’une niche écologique favorable en raison de la densité importante des ongulés sauvages ;
> le cadre réglementaire et politique actuellement en vigueur pour l’espèce Canis lupus ;
> la difficulté de maintenir un élevage extensif respectueux des écosystèmes face à une tendance à l’intensification agricole ;
> le droit des éleveur·euse·s et berger·ère·s à vivre dignement de leurs activités ;
> la réalité d’une pression de prédation et/ou de prélèvement préexistante à l’arrivée du loup, due notamment à la divagation de chiens domestiques et plus ponctuellement au Renard roux et au Blaireau européen ;
> la difficulté à mettre en œuvre les changements de pratiques agricoles induite par le risque de prédation et le manque d’efficacité des politiques publiques actuelles pour contenir ce risque ;
> la « mode » des chiens loups tchèques induisant des risques multiples en cas de divagation : prédation, confusion, voire métissage,
le GMHL a souhaité, dans un esprit de transparence et conformément à son projet associatif, préciser son positionnement concernant le retour du Loup gris en Limousin.
Sur le plan politique,
Le gmhl défend :
> par ses missions et ses valeurs, la place du Loup gris en Limousin, son droit d’existence, et son statut d’espèce protégée, parmi les autres espèces sans préjuger d’un quelconque rôle positif ou négatif sur les écosystèmes ;
> la place d’un élevage ovin extensif participant tant au maintien de la biodiversité des milieux ouverts et bocagers, qu’à la possibilité de vivre et travailler sur le territoire ;
> la nécessité d’œuvrer pour une approche constructive, ouverte et partagée à l’ensemble des citoyens, des problématiques écologiques ;
> la nécessité de tendre en Limousin, à moyen terme et dans le cadre d’une gestion territorialisée concertée, vers une coexistence viable et soutenable entre les activités humaines et le grand prédateur qu’est le Loup gris.
Le gmhl refuse :
> le clivage artificiel entre « pros » et « antis » loup ;
> la diffusion et l’instrumentalisation d’informations non vérifiées, alimentant un climat délétère à des fins politiques ;
> la violence et l’intimidation, sous quelque forme que ce soit. À ce titre, le GMHL réagira de manière ferme et déterminée en cas d’atteinte aux personnes (salariées et bénévoles) de l’association.
Le gmhl reconnaît :
> l’inquiétude et la légitimité du monde agricole à défendre sa profession et son outil de travail face à l’arrivée du Loup gris ;
> le droit des éleveur·euse·s et berger·ère·s à défendre leurs troupeaux en cas d’attaque. À ce titre le GMHL ne s’opposera pas à la mise en œuvre de tirs de défense simple ;
> la légitimité de l’ensemble des acteurs du territoire, indépendamment de leurs positionnements, à s’exprimer sur la question du Loup gris ;
> les prérogatives de l’État pour la mise en œuvre des actions issues du Plan National d’Actions sur le Loup et les activités d’élevage ;
> la légitimité de la Région Nouvelle-Aquitaine à engager des expérimentations conformes aux besoins et attentes du territoire.
Le gmhl agit :
> en participant à la concertation mise en œuvre dans le cadre des cellules de veille départementale ;
> en répondant aux sollicitations des collectivités pour la mise en œuvre d’actions d’information et de sensibilisation à destination du grand public.
Le gmhl souhaite :
> la nécessaire coordination, technique et stratégique, des différentes initiatives sur le territoire, pour répondre aux besoins et attentes des éleveur·euse·s impactés par la prédation de la faune sauvage quelle qu’elle soit ;
> le déblocage de moyens techniques et financiers conformes à l’ampleur du défi à relever pour tendre vers une coexistence viable et soutenable ;
> le traitement, à part entière, de la problématique des chiens divagants.
Sur le plan technique,
Le gmhl défend :
> le suivi biologique du loup comme outil de veille de l’état de conservation de l’espèce ;
> l’utilisation du triptyque classique des moyens de protection (gardiennage, chiens de protection et regroupement nocturne) pour réduire le risque de prédation lorsque ce dernier est adapté à la situation ;
> la nécessaire adaptation de la doctrine et des règles d’utilisation de ce triptyque au
regard des spécificités du Limousin ;
> l’intérêt des moyens d’effarouchement (fladrys, foxlight, etc.) pour répondre, ponctuellement, à des situations d’urgence ;
> l’importance de la recherche sur l’éthologie du loup pour comprendre la problématique des foyers de prédation ;
> le soutien financier accordé aux éleveur·euse·s pour mettre en œuvre des moyens de protection ou indemniser les attaques dues au loup.
Le gmhl refuse :
> la création d’une Zone Difficilement Protégeable (ZDP) en Limousin ;
> la mise en œuvre de tirs de prélèvement ;
> le suivi biologique du loup comme outil pour justifier une régulation quantitative déconnectée de l’enjeu de réduction de la prédation ;
> l’assimilation, dans le contexte limousin de divagation importante de chiens domestiques, de l’ensemble des actes de prédation au loup.
Le gmhl reconnaît :
> l’intérêt du diagnostic de vulnérabilité interdépartemental mené sous l’égide de l’Institut DE L’Elevage (IDELE) ;
> l’importance du travail de primo – détection engagé par la Région Nouvelle-Aquitaine, sous réserve de transmission des données collectées au réseau loup piloté par l’ONCFS, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage désormais Office Français de la Biodiversité, OFB ;
> la légitimité de la réalisation des constats d’attaque par l’ONCFS/OFB ;
> La plus-value des actions de formation à l’utilisation des chiens de protection sous l’égide du réseau référent de l’IDELE ;
> La plus-value du retour d’expériences apporté par d’autres territoires agissant sur les mêmes questions ;
Le gmhl agit :
> en engageant, dès 2019 et sur fonds propres, un travail de médiation et d’accompagnement auprès des agriculteur·ice·s pour répondre au risque de prédation et ce afin de trouver des solutions concrètes et contextualisées avec les éleveur·euse·s impacté·e·s.
Le gmhl souhaite :
> une action ferme, y compris par tir de prélèvement, contre les chiens divagants en situation de prédation ;
> le classement rapide de l’ensemble du Limousin en cercle 3 ; lequel correspond aux zones possibles d’expansion géographique du loup et permet le déploiement d’actions de prévention ;
> la création, sur les 3 départements du territoire Limousin, d’une cellule d’assistance technique capable à l’échelle d’une exploitation agricole : de mettre en œuvre un diagnostic de vulnérabilité et d’accompagner l’éleveur·euse dans la mise en œuvre de moyens de protection ;
> l’expérimentation d’une « brigade pastorale », capable :
o d’engager des actions de gardiennage en situation d’urgence ;
o d’engager des actions de gardiennage pérennes dans une logique de mutualisation entre éleveur·euse·s (par exemple groupement pastoraux) ;
o de réaliser des chantiers de renforcement de parcs.
> l’expérimentation de moyens de protection innovants (haie défensive) ;
> l’approfondissement des connaissances sur le rôle du Loup gris en tant que prédateur d’ongulés sauvages et en cascade son impact (positif ou négatif) sur l’ensemble des écosystèmes, notamment des écosystèmes forestiers ;
> l’expérimentation de la capture non létale, à proximité des troupeaux comme moyen de conditionnement négatif du loup.
Le Conseil d’Administration collégial du GMHL.